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L'Ero Gène
17 juillet 2007

Conte, Hante toi de Moi

Regarder_Le_Monde

Je reste amusé de voir à quel point les histoires d'amour se passent toujours bien dans les récits enfantins  ou dans les contes. Jamais n'y sont abordés l'infidélité, la tromperie et l'esprit humain résolument volage par essence et par faiblesse. Oui, je sais. Il s'agit là d'un tableau bien peu reluisant que je me fais de l'humain en général, mais l'animal qu'est l'Homme ne peut déroger aux règles de mère Nature, même s'il est doué de cette capacité à aimer, s'attacher, choisir, respecter et user de son libre arbitre et de sa conscience.
Il arrive tout de même dans ces histoires, parfois, qu'on fasse intervenir un méchant, un vil personnage, qui  avouons le reste bien sage au regard de ce qu'il est possible de faire subir dans ce bas monde. A croire que l'enfant ne peut pas comprendre que le prince charmant n'est pas toujours seul sur son grand cheval blanc. Alors, pour le préserver, on le protège de tout ça, on lui fait miroiter un monde idyllique, sans voies détournées, où brillent les étoiles sur un fond de coucher de soleil qu'une fois grand il cherchera à retrouver, à reproduire. Par normalité. Par bienséance.
Je ne suis pas en train de dire qu'un monde rempli de perversions et de dérives soit meilleur ! Je suggère juste que la vie d'adulte est bien plus complexe.

J'ai toujours abordé la tromperie comme en élément déterminant dans mon rapport aux autres, ne pouvant me résoudre à être autrement qu'extrême dans ma possession et ma jalousie. Je ne rentrerai pas dans la définition et les différences de ces termes. Chacun en aura sa propre explication en fonction de ses sensibilités, de son éducation, de ses expériences. Toujours est-il que je ne peux supporter de me savoir blessé lorsque je découvre que ma confiance a été trahie. C'est d'ailleurs étrange car - occultons l'idée que j'ai toujours été d'une perfection sans faille - je remarque qu'on se pardonne bien plus facilement ses propres écarts que ceux des gens qu'on aime. Et avant même de se les pardonner, on se les octroie sans un scrupule. L'idée n'est pas de tendre à cette sainteté suprême qui viserait à faire de sa vie un sacerdoce ou un apostolat ad vitam eternam. Cette pensée reste néanmoins belle, mais qui ? - quel couple, peut encore se vanter de pouvoir faire de sa vie et de la vie de l'autre une simple et même quête inaltérable ?
Non, je crois que pour prendre toute l'ampleur de la tromperie, il faut avoir soit même trompé sans penser au mal que cela pouvait faire, puis se retrouver dans la situation inverse et voir, s'apercevoir, et découvrir toute l'envergure du désastre que cela engendre en nous. Alors, seulement, on comprend. Admettre de se voir démoli, comprendre que son Amour n'a pas pu se suffire de nous, et que dans un autre, Il ou Elle a trouvé ce qu'elle n'avait pas avec nous (bien entendu, il existe un certain nombre de cas où la tromperie est vécue comme une perversion voulue du couple, et à cela je n'ai rien à opposer).
En réalité, je me demande si le plus dur finalement  est de ne pas être confronté à ses propres erreurs, ses défaillances et ses moments d'égarement. Alors oui, d'être trompé nous renvoie à notre propre image boiteuse et caduque. S'entendre dire qu'on est un salop  n'est jamais bien agréable, mais comprendre et intégrer qu'on en est un ! (...)
Mais bien sûr dans les contes, on est jamais le salop.

Moi qui suis donc un possessif et un jaloux, serait-ce donc que trop de belles histoires me furent contées ?
Peut-être.


A me fourvoyer dans des bras trop accueillants et des cuisses bien trop ouvertes, j'ai bien entendu causer du tord et fais du mal. Perdu également des Amours à qui j'aurais malgré tout pu donner ma vie. Et en juste équilibre, je crois pouvoir dire que les retours de bâton furent à la hauteur de mes épanchements orgasmiques. Il me semble aujourd'hui que ces expériences font partie intégrante d'une vie équilibrée. Il faut la connaître cette putain de rage qui vous empoigne le cœur et les tripes, qui vous arrache avec violence la moindre parcelle de vie pour la transformer en désert stérile, vidé de tout, sans goût, et pire, sans vie. Et comme de vouloir se mutiler un peu plus, on ne cherche pas à savoir pourquoi, mais comment, pour qui, depuis quand ? A croire qu'il faille se suicider jusqu'au bout pour pouvoir renaître et se retrouver. Sauf qu'il arrive qu'on se perde dans ces questionnements, et on ne se retrouve plus, on ne se relève pas, et on reste là, sur l'échafaud de son échec.

Au fond, on sait tous pourquoi il nous arrive d'être faibles ou de subir les faiblesses d'un autre. Oui, on le sait, c'est enfoui au creux de nous, mais on a simplement du mal à se l'avouer parce que cela dénote trop de cet idéalisme enfantin, de cette princesse et de ce prince charmant. Et puis ce n'est pas franchement plaisant de se dire qu'on porte ce mal en nous et qu'on est un salopard. Heureusement, l'Homme à cette capacité à se persuader de plein de choses. Qu'il peut être bon, qu'il peut changer, qu'il peut résister. Tel un enfant à l'écoute d'une histoire, il s'identifie, s'idéalise et se magnifie. Il devient son propre héros en somme. Parce que le héros n'a rien de moche et de malsain. C'est toujours plus valorisant d'être un héros plutôt qu'un salopard !

(...)


Merde, je ne sais plus ce que je voulais dire… Je me perds dans des considérations que je n'ai pas le temps d'approfondir ce soir, et la relecture me fait penser que je n'ai pas répondu un seul instant à ce désir d'écrire qui m'a parcouru l'échine toute cette journée.
J'avais ce putain de titre en mémoire qui m'a tenu en éveil depuis tôt ce matin. Il était là, ayant surgi de je ne sais où, à tambouriner dans ma tête, appelant des mots qui ne voulaient pas sortir et qui continuent à s'agiter en moi.

"Conte, hante-toi de Moi"

Je le trouve magnifiquement riche en significations ce titre.
Plus je le lis et le relis, plus j'en décortique les lettres et les syllabes ; par jouissance de tous les récits qui en naissent dans mon esprit.

C'est ma belle histoire à moi…

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Commentaires
V
..magnifique.. graphique..<br /> <br /> Reflexion.. synchronisée..<br /> Ce titre est très évocateur ..Tu as de la chance si les contes de fées te sont restés intacts..<br /> <br /> Les miens se sont mal tournés.. et personne pour tuer le loup...<br /> <br /> Alors laisser toi hanter ...<br /> <br /> Mais contrairement à toi .. "et cela va dans ton sens" Je ne connais pas la jalousie...Ne me considère ni sage ni héroïne.... peut être symbole du conte déchu....<br /> <br /> En tout cas encore une belle écriture.. une belle réflexion...<br /> Merci de partager des bibes de cervelles....<br /> à tres vite..
Répondre
L
Belle réflexion que voilà....<br /> <br /> C'est peut-être idyllique, utopique et illusionniste ce qu'on fait croire aux enfants mais heureusement que c'est comme ça. Si les petites filles ou les petits garçons savaient d'avance que l'amour pouvait parfois aussi être violent, traitre, mensonger et fragile alors ce serait l'enfance qu'on tuerait. Leur dire la vérité sur la réalité du monde adulte et de ses failles, ce serait les tuer. Bien heureusement existent tous ces contes de fées où tout finit bien et où les méchants sont arrêtés et où finit par régner le bien, la gentillesse et l'Amour et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Personnellement, je croirai toujours aux contes de fées même à 80 ans, ils nourriront mes nuits et mes siestes, ils m'arracheront des sourires de beaux voyages sereins et gais, ils me feront aimer la vie et ce monde. Et s'il est vrai que l'utopie isole et en quelque sorte... marginalise, il n'empêche qu'elle tient parfois en vie : ça tient au Rêve. Tuez le rêve et vous tuez l'être humain. Et même si le rêve est fou et irréel, rêver c'est s'accorder des bonheurs d'existence aux couleurs de l'espérance, de la foi etc...je crois que ça aide à donner un sens à certaines choses dans la vie. Néanmoins on peut être utopique et rêveur sans pour autant oublier de garder un pied dans la réalité. Voilà tout ce que je pense des contes, je les trouve beaux et nécessaires et j'en lis encore à l'âge adulte.<br /> <br /> En ce qui concerne l'infidélité sexuelle ou amoureuse, je crois que c'est malheureusement une des maladies de notre existence, ça a toujours existé depuis le commencement du monde. Par faiblesse oui, ou par détresse ou encore besoin éternel de réconfort et d'amour, je crois que dans la tête des "fautifs" toutes les raisons sont bonnes pour Vivre/Survivre dans ce monde qui ne tourne pas tout à fait rond. Il est aussi forcément plus facile de juger les autres que de se juger soi-même, voilà pourquoi sans doute les gens préfèrent se voir en héros maitres de leur existence plutôt qu'en salopards ou encore en mauviettes qui subissent. Quant à préférer être d'un côté plutôt que de l'autre.... je ne suis pas persuadée que les gens qui ont commis l'infidélité ne l'auraient pas fait même en connaissant la souffrance et la détresse d'être du côté trompé. Il faudrait développer plus sur ce thème, mais à mon avis l'infidélité est bien plus complexe que le simple fait de se demander si on va faire du mal ou si on va avoir mal, c'est bien une maladie d'existence à mon sens... je pousserai donc plus loin ma réflexion en disant que malgré les morales et les théories, j'ai la conviction que les trompeurs sont bien plus malheureux en eux que les trompés ne le sont. Je crois qu’à choisir entre les deux, je préfère sans hésitation être du côté de la trompée, certainement pas par masochisme mais parce que ça me semble évident que l’infidélité est une maladie ! Cette maladie se soigne, il faut l’espérer. Comment ? C’est toute la question… quand on a trouvé ce qu'on cherche avec conviction et qu’un seul être arrive à vous faire le monde entier ?<br /> <br /> Pour le titre de ton message : je dis "chapeau" pour la trouvaille dans le contexte de ta réflexion, c'est une très belle pensée qui me fait me dire que tu crois encore aux contes d'enfants malgré les dures réalités. Dans les contes d'enfants l'être aimé est unique, dans les contes d'enfants on pourrait très bien lire un "contente toi de moi", sentiment de conviction qu'un être sur Terre est capable de combler une personne sur Terre dans la suffisance et l'exclusivité de l'amour.<br /> <br /> J'en tire ma conclusion que "Seuls les enfants savent ce qu'ils cherchent", extrait du Petit Prince. Et que garder sa part d’enfance dans sa tête d’adulte c’est se donner les moyens de toucher du doigt le but de notre quête. Les grands exploits sur Terre se sont faits parce que les gens rêvaient. Il fallait être fou pour vouloir mettre un pied sur la Lune, le rêve a pourtant permis de construire une fusée et de réaliser l’exploit. N’est-ce pas pareil pour d’autres choses de la vie, n’est-ce pas le rêve qui conduit à l’exploit, le rêve qui nourrit l’ambition et donc la réussite. Tous ces rêves d’adultes sont des rêves de gosse… heureusement qu’on garde en nous tous nos rêves de gosse… En ce qui me concerne, je préfére rester naive et voir les réussites qui découlent des rêves plutôt que les échecs et les désillusions.<br /> <br /> Oupsss... j’ai pondu un roman… j’espère que tu ne m’en voudras pas de m’être épanchée autant sur ton blog. Il faut croire que ça m’a inspirée.<br /> <br /> Merci de partager des bouts de ton âme.
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