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L'Ero Gène
29 octobre 2009

Combien la passe ?

Sur le trottoir d'en face, j'ai vu une femme errer,
Seule et belle, foulard vieillot autour de la peau.

Sur le trottoir d'en face, j'ai vu un homme s'approcher,
Laid et prédateur, les mains enfouies tout au fond de son manteau.

L'homme a fait mine de ne pas la voir et pourtant,
Une fois à sa hauteur il a, tête baissée, glissé un mot.

Elle, regard fixement posé sur lui, a répondu,
Par réflexe ou par survie, mais sans l'ombre d'une envie.

Ils se sont enfoncés dans un couloir, sombre et étroit,
Vers le fond d'une arrière-cour miséreuse,
Alcôve libératrice pour lui, payant de son argent,
Geôle pour elle, prisonnière payant de sa personne.

Plus tard ils sont ressortis.
Elle derrière et lui devant, le pas pressé.
Sans un regard pour sa victime et j'imagine,
Sans l'ombre d'un remords pour ce viol consommé.

Sur le trottoir d'en face, j'ai vu une femme errer,
Salie et bafouée, seule à en crever,
Tendant le maigre billet à un deuxième homme,
Tout aussi lâche et encore plus laid que le premier.

De mon trottoir à moi, je l'ai vu lui aussi,
S'éloigner d'un pas pressé, les mains enfouies tout au fond de son manteau.

Je suis allé vers elle et lui ai proposé un café.

De son accent typé elle n'a pas su me répondre,
Autre chose que la triste valeur de son amour tarifé.

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Commentaires
F
Le style et la qualité d'écriture sont redoutables. Des tournures de phrases qui ne laissent aucune équivoque.<br /> <br /> Vous abordez ce thème avec une douleur, une évidence, une ombre d'espoir et pourtant... même un café elle ne pu accepter... <br /> <br /> La tristesse qui émane de ce texte rappelle la condition d'une partie de la gente féminine, qui n'est pas drôle. Elles ne s'appellent pas toutes "pretty woman"... <br /> <br /> eh non ! dur labeur... terrible !
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M
Oui, c'est triste. Je me demande s'il y en a encore à qui ça plaît. Sans doute peu.
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C
La vie pour qui que ce soit, n'est jamais toute blanche ou toute noire....<br /> Ce texte est superbe !<br /> Merci
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V
Magnifique texte...<br /> .. on y ressent la douleur.. on y voit le pervers... <br /> on y aime cette femme....
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A
Très beau texte, touchant. <br /> <br /> Ça me fait penser à une chanson de Jean-Louis Bergère, (une vue un peu moins sombre peut-être) :<br /> <br /> "L’avez-vous aperçue, pointant sur ses talons<br /> Le petit pardessus du nouvel étalon<br /> Qui franchira le pas comme un enfant timide<br /> Est-ce que tu fais pour ça, la grande pyramide<br /> <br /> C’est une jeune femme qui marche dans la rue<br /> Dans la rue de ses charmes<br /> En voilà, en veux-tu<br /> <br /> Elle monte devant lui, il emboîte ses bas<br /> Tout à son appétit en lorgnant ses appâts<br /> Ses cuisses découvertes, le roulis de ses seins<br /> De quoi faire ses emplettes au lit du magasin<br /> <br /> C’est une jeune femme qui marche dans la rue<br /> Dans la rue de ses charmes<br /> En voilà, en veux-tu<br /> <br /> Elle compte avec la nuit et repousse le jour<br /> Pour toi c’est bien fini, tout à chacun son tour<br /> Comme elle reprend sa place, il s’éloigne à grands pas<br /> Seulement quelqu’un qui passe, faut bien rentrer chez soi<br /> <br /> C’est une jeune femme qui marche dans la rue<br /> Dans la rue de ses charmes<br /> En voilà, en veux-tu<br /> <br /> Nous passions en voiture voir les filles à l’affiche<br /> Lécher la devanture, intrigants, mais pas chiches<br /> Allons juste pour voir, si on allait marcher<br /> S’faire un p’tit bout d’trottoir pour finir la soirée<br /> <br /> C’est une jeune femme qui marche dans la rue<br /> Dans la rue de ses charmes<br /> En voilà, en veux-tu<br /> C’est une femme jeune et que l’on dit perdue<br /> Dans la rue de ses larmes<br /> Entre allées et venues. "<br /> <br /> A écouter ici, un extrait :<br /> http://www.jeanlouisbergere.com/dossiers/dossiers.php?val=8_extrait+ecoute
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