Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Ero Gène
3 septembre 2010

...

J’ai, durant quelques années, officié dans le monde de la musique.

Cette dernière a été pour moi, du moment où je m’y suis vraiment impliqué une amie et une complice à part entière. A tel point qu’elle a également été une maîtresse, une amante et qu’à travers elle, des heures, des nuits et des semaines furent consommées, enlacé au creux de ses bras et de ses intimités les plus secrètes, enfermé dans mon monde, mon univers, cadenassé dans mon isolement créatif, presque devenu…autiste.

Il m’a été difficile de pouvoir expliquer ou mettre des mots sur ces moments là tout comme il a été surement compliqué pour mon entourage du moment de comprendre le pourquoi et le comment. Mais à vrai dire, la question ne se posait pas vraiment. J’étais dans ce monde là, entouré d’autres gens, comme moi, auprès desquels je n’avais pas à me justifier.

A un moment, j’ai tout de même écrit ces quelques mots à ce sujet :

«Les déraisons de la folie, la démence de l'égarement, et la douce addiction du trouble qui vous étreint, me laisser bercer par la vibration d'une note brisant un mutisme stérile, frissonner d'une harmonie qui vous arrache et vous plonge dans un exaltant, que dis-je, un tourbillon jouissif de divagations, cet abandon de soi à une osmose des énergies, ce vertige et ce voyage que l'on atteint au moment où sans logique aucune, sans aucune rationalité, on crée.»

J’ai ressenti l’autre soir, ou plutôt l’autre nuit au détour d’un reportage vu alors que je n’arrivais pas à dormir, les mêmes sensations et les mêmes vibrations jouissives. Une danseuse de flamenco dont je n’ai pas retenu le nom expliquait avec ses mots à elle tout ce que pouvait avoir de sensuel, d’animal et de sexuel cette danse. L’impression étrange de me reconnaître en elle m’a pris à la gorge et cette boule au ventre, la même qu’à l’époque où je rentrais en scène devant 20 ou 2000 personnes, m’ont replongé dans le passé. Sensation agréable je dois dire.

Métaphore filée autour de la sexualité. Bien entendu, il n’y avait rien de vulgaire, d’outrancier ou de purement « hard », mais ses mots, ses gestes, ses mimiques avaient tout pour vous faire penser à ça. Il suffit d’ailleurs de regarder une danseuse de flamenco pour s’en convaincre. S’il n’y a pas là de la sexualité, il n’y en a nulle part ailleurs dans ce bas monde !
Et en parlant de mimique, j’en reviens à la musique. Lorsque le type derrière son instrument vibre avec lui, ferme les yeux et grimace, presque ridicule aux yeux « des autres », presque exhibitionniste dans sa manière de jouir de son instrument, plus rien n’existe autour de lui et il se livre. Parce que pour l’avoir vécu moi-même, je peux affirmer que jouir ainsi, c’est se livrer, se mettre à nu et oublier toute notion de bienséance. La pudeur s’en va ailleurs et votre état second et votre transe vous emmènent loin. Loin de tout. Et vous faites l’amour, sans gêne aucune.

J’ai trouvé le parallèle fort intéressant. Un instant, l’idée du tango m’a traversé l’esprit. Après tout, il s’agit également d’une danse sensuelle aussi. Non ?
Mais très vite, j’ai vu dans le tango quelque chose de plus théâtral, de plus sur-joué et de moins primal dans sa manière d’être dévoilé. C’est en tout cas l’impression que j’ai en écrivant ces lignes et je ne crois pas que ma définition du départ puisse lui être appliqué.

Enfin, dans mes quelques réflexions embrumées – sommeil aidant -, j’ai eu quelques images de tauromachie. Je ne veux ouvrir aucune polémique à ce sujet. Chacun se fera son propre avis. Il me semble d’ailleurs presque malsain de pouvoir comparer la sexualité à de la tauromachie, mais tout de même… En reliant mon expérience de musicien, les dires de cette danseuse et l’image que j’ai de la tauromachie, j’y trouve des points communs, des similitudes érotiques et cette sensation étrange de vouloir plaire, de combattre, de lutter pour offrir le meilleur. Une bestialité animale, une rage à l’état pur, et du désir fougueux, sanguin, puissant. Du viscéral entourbillonné dans des nuages de poussières, de chaleurs, de sueurs et de cris.

J’espère avoir été, à ma manière, un musicien rempli d’un peu tout ça, et peut-être dans une autre vie, danseuse de flamenco ou toréro.

Publicité
Commentaires
F
permettez-moi de relever ceci :<br /> <br /> "je peux affirmer que jouir ainsi, c’est se livrer, se mettre à nu et oublier toute notion de bienséance. La pudeur s’en va ailleurs et votre état second et votre transe vous emmènent loin. Loin de tout. Et vous faites l’amour, sans gêne aucune."<br /> <br /> bravo !!! mille fois bravo de l'avoir exprimé ainsi. Enfin des mots sur ce que je ressens quand je fais l'amour en jouant sur mon piano. c'est tellement vrai !<br /> <br /> J'espère vous lire encore en me détournant du hasard des rencontres.
Répondre
M
il me semble qu'on vit vraiment que dans ces instants là...<br /> ce texte sonne juste ;)
Répondre
M
Merveilleusement justes et tout en émotions, ces mots. Une porte ouverte sur une âme ?<br /> <br /> Très belle prose, vous devriez songer à écrire davantage...
Répondre
Publicité